Après ma déconvenue lors des 100km de la Somme en octobre dernier, l’état d’esprit est revanchard à l’heure de participer à l’EcoTrail de Paris en ce samedi 19 mars 2022. Partant de l’Ile de Loisirs de St-Quentin-en-Yvelines, le parcours de 80km et 1500D+ promet une journée plutôt sympathique passant par la Forêt de Meudon, l’Observatoire de Paris, Chaville, les Fausses-Reposes, le Domaine de St-Cloud pour rejoindre, en guise d’apothéose, le 1er étage de la Tour Eiffel.

Samedi matin, le réveil sonne à 5h50. La routine se met rapidement en place. Je suis confiant tout en sachant que j’ai complètement changé mon approche de la prépa depuis cet abandon à Amiens. Ne voulant plus « subir » un plan d’entraînement strict, j’ai favorisé l’envie et le plaisir durant ces 9 dernières semaines. Les 5 séances hebdomadaires se sont ainsi enchaînées sans contrainte, avec un risque toutefois de perdre en performance. Peu importe, mon objectif pour ce Trail est de retrouver cette saveur si particulière des longues distances sans me préoccuper du chrono. C’est donc avec un sourire jusqu’aux oreilles et sous un beau ciel bleu ensoleillé que j’arrive à St-Quentin peu après 9h00.

A 11h00, le départ est donné. Je me trouve dans la première vague et j’adopte de suite une allure tranquille aux alentours de 5’40/km, ayant en tête que ce premier tronçon est facile et que les difficultés (alternance de dénivelé positif et de dénivelé négatif) sont concentrées entre le 20ème et le 70ème km. Les sensations sont moyennes. Les jambes sont lourdes et le cardio un peu haut. Vers le 6ème km, je retire ma veste car il fait déjà chaud, surtout à l’abri du vent. La technique est déplorable et je perds un temps fou (et 2 gels tombant par terre) dans l’opération. En temps normal, ce type de situation m’aurait profondément énervé. Mais à cet instant, je me marre, conscient que le routard que je suis a tout à apprendre de ces sentiers et des particularités d’une course en semi auto-suffisance (ravitaillements au 23ème, 46ème (point d’eau), 56ème et 69ème km). Je repars avec entrain et rentre rapidement dans ma bulle. Tout va mieux et c’est en trottinant que j’aborde les premières côtelettes du jour.

On est maintenant dans le vif du sujet. Après avoir pris quelques tucs et du fromage au premier ravito, le profil change clairement de ton avec des noms de segments évocateurs tels que « la montée du GR11 depuis la genèse », « l’Alpe d’Huez de l’EcoTrail » ou encore « le raidillon des tétards ». En bref, ça monte et ça descend sur 50 bornes! Mains sur les cuisses, dos vouté, je marche lentement dans les côtes puis relâche lorsque la pente s’inverse. Pour un traileur aguerri, ça doit passer facile. Les sentiers ne sont pas techniques et nous ne sommes pas dans les Alpes. Mais pour moi, centbornard parisien, cette alternance régulière d’inclinaison tape dans les cuisses et les chaussures. Le mental reste toutefois au beau fixe. A défaut de chercher la performance, je me suis promis une chose: sauf grave blessure, l’abandon est inenvisageable aujourd’hui. Côté chrono, je ne m’en préoccupe pas beaucoup. Je sais que les barrières horaires sont larges et que sans me mettre minable, je serai dans la première moitié du peloton à l’arrivée. Je profite donc de chaque instant et passe sans encombre les ravitos du 46ème et 56ème km. Au menu, de l’eau et du salé (tucs, fromage et soupe). C’est l’envie du jour, sachant que j’ai dans mon sac quelques gels et des barres pour le sucré. L’arrivée au domaine de St-Cloud au 69ème km annonce la dernière pause avant d’aborder les quais de Seine pour se diriger vers la Dame de fer.

J’enfile ma veste et fixe ma frontale. Il est aux alentours de 19h20 et la nuit commence à tomber. L’essentiel du D+/D- est derrière nous, laissant la place à du « tout plat » jusqu’aux 330 marches du 1er étage de la Tour Eiffel. Ça commence à sentir bon cette histoire, et ce même si ces kilomètres le long de la Seine sont considérés à juste titre comme interminables. Je cours lentement, marche un peu et profite du mieux possible de cette fin de journée. Les encouragements des spectateurs et des bénévoles font plaisir à entendre. Je relance et ne m’arrête plus. Ile St-Germain, Ile aux Cygnes, je déroule les derniers hectomètres avec bonheur et légèreté (si si). Quel pied! Et voilà, elle est là, devant moi, scintillant de toutes parts.

Je prends mon ticket d’accès et entame l’ascension finale. Ces 330 marches pour rejoindre le premier étage de la Tour Eiffel passent crème. J’y suis, je suis « finisher » après 9h43’53 d’effort.

Pas si mal ce chrono! Sans chercher la performance, je suis à un petit 1/4h du temps réalisé en 2017. Mais l’essentiel est bien ailleurs, j’ai retrouvé le goût pour le long, le plaisir à se dépasser, à gérer les temps faibles et profiter des temps forts. Je peux donc me projeter sur des courses au long format avec de nouveau l’envie d’en découdre.

Le bilan :

Place au général : 553 / 1644

Place catégorie hommes M2 : 86 / 279

Allure moyenne : 7’17/km

Vitesse moyenne : 8,2 km/h

Je remercie chaleureusement ma famille et mes amis pour leurs encouragements. Bravo à tous les copains croisés sur ces sentiers, j’ai eu plaisir à vous voir. Et merci à tous les bénévoles de l’EcoTrail de Paris sans qui nous ne pourrions pratiquer notre passion.