Et 1, et 2… et 10 marathons
« Dimanche 12 avril 2015, 9h03. Je franchis la ligne de départ de mon 10ème marathon ». Cette phrase, je n’aurais jamais pensé l’écrire pour cette 39ème édition de l’épreuve reine à Paris.
A l’arrêt depuis fin décembre suite à une rupture totale de 2 ligaments de la cheville droite, j’ai repris le chemin de l’entraînement le 14 mars dernier. Aucun plan, juste guidé par le plaisir de courir, transpirer et retrouver les copains le dimanche pour nos virées collectives. Petit à petit, les sensations reviennent, en endurance fondamentale. Il faut croire que le corps a une mémoire. Je passe assez rapidement de 6’15 à 5’40/km et décide finalement, à J-7, de m’aligner sur les Champs Elysées et courir les 42,195 km sur la base de cette dernière allure. Elle doit m’emmener sur un résultat final de 4h mais très franchement, cet objectif de temps n’est qu’accessoire. Je suis si heureux de pouvoir fouler à nouveau le bitume que la perspective d’établir l’un de mes plus mauvais chronos sur cette distance est le cadet de mes soucis !
Je retrouve Chris, Stéph et Pierre à 8h ce dimanche matin, au pied de l’Arc de Triomphe. Il fait beau, la capitale respire la course à pied. Plus de 40 000 coureurs sont là, en proie au doute qu’impose le marathon mais prêts à en découdre et exprimer leur courage. Je ne peux me lasser de ce spectacle. C’est ma 6ème participation consécutive à Paris mais à chaque fois la magie opère. J’ai hâte d’y aller, d’autant plus que je vais partager cette matinée avec les potos de la Team Marathon Connection : Pierrot, Roulio (du 8ème au 36ème), Habib (à partir du 28ème) et Pathé (du 35ème à la fin). Je sais également pouvoir compter sur les encouragements de nombreux amis présents sur le parcours et sur ceux de ma super épouse semi-marathonienne depuis peu. Bref, jusque là, tout va bien…
Nous voilà enfin partis, Pierre et moi, une vingtaine de minutes après l’élite. Il a les jambes mon Pierrot, centbornard et récemment brillant finisher de l’Eco-Trail de Paris 80 km. En mode « balade » aujourd’hui, nous profitons des 1ers km pour caler notre rythme et savourer chaque foulée au sein de ce peloton. Arrivé au 1er ravitaillement à Bastille au 5ème km, je jette un œil sur la montre et m’aperçois que nous tournons en moyenne à 5’36/km. C’est plus rapide que prévu mais je n’ai pas la sensation de prendre de risque à cette allure. D’ailleurs, nous sommes trop occupés à apprécier le spectacle et à discuter que cette donnée s’autodétruit rapidement de mon esprit. Habituellement concentré sur mon effort, la règle de cette journée est à l’exact opposé !
8ème km, avenue Daumesnil, nous retrouvons Julien aux abords de notre terrain de jeu dominical, le Bois de Vincennes. Julien, aka Roulio, ne plaisante pas. Quand il accompagne, et bien il accompagne ! Il a prévu 28 bornes avec nous, rien que ça. Je sais bien ses motivations à être présent aujourd’hui et le plaisir est grand alors que nous courons ensemble, « chez nous », au cœur du Bois : route de la Ceinture – Daumesnil – Pyramide – Pesage – Gravelle. Prévu initialement en 2 heures, le passage à la mi-course est bouclé en 1h57’25. Je mets ça sur le compte du caractère ultra roulant de cette 1ère partie et n’envisage pour l’heure aucun scénario, sachant les difficultés qui nous attendent sur la 2nde moitié, que je manque d’entraînement et que je n’ai pas la distance dans les jambes.
Direction le toboggan des Quais de Seine. Nous sommes toujours indisciplinés et bavards. Le rythme continue d’accélérer en progressif. Sous le long tunnel des Tuileries, l’effet est désastreux : laser en pleine lumière, ventilateurs hyper bruyants, atmosphère étouffante… J’en viendrais presque à regretter l’ambiance boîte de nuit de l’édition précédente. Heureusement, les jambes sont bonnes. Une défaillance à ce moment de la course serait compliquée à gérer… Quelques hectomètres plus tard, au 28ème km, nous retrouvons Habib, dernière recrue en date de la TMC, qui nous emboîte le pas. Les 4 mousquetaires en basket ! Sans aucune relation de cause à effet, c’est à cet instant que nous décidons d’accélérer plus franchement. Nous ne visons aucun record personnel et pourtant, nous haussons l’allure en ne pensant à rien d’autre que prendre notre pied ! Je sais que le risque d’exploser en vol est, pour moi, très élevé, mais peu importe… Je suis en plein kiff et quitte à vivre un marathon spécial, autant courir ce dernier tiers de façon déraisonnable.
Cet état euphorique lié à une frustration de 13 semaines sans course à pied va durer pendant toute la remontée du XVIème arrondissement jusqu’au 36ème km et le terme de l’avenue des Fortifications dans le Bois de Boulogne. Habib et Roulio prennent congés de nous. Les gars, vous avez été grands. Merci ! C’est maintenant Pathé, The Senrunner, qui nous accompagne Pierre et moi. Depuis quelques minutes, je sens que mon corps commence à faiblir et je conseille à Pierrot de filer. Il est frais comme un gardon et s’il n’accélère pas bientôt, il va nous faire une sortie de récup de 42 bornes demain matin. Le voilà parti pour un sprint final qui lui permettra de boucler l’épreuve en 3h47.
Pathé reste à mes côtés, tout comme le petit démon du running qui ne tarde pas à se manifester dans mes oreilles. Vous savez, cette petite voix qui vous murmure « Allez, tu es fatigué. Tu as mal partout. Repose toi. Va t’allonger dans l’herbe… » Résistant coûte que coûte à ces vicieux appels, je passe un pacte avec mon Senrunner. Je ne marcherai pas sur ce marathon. Point barre. Pathé m’arrose, me ravitaille, me chouchoute. La partie est en train d’être gagnée… 39, 40, 41ème km. Nous y sommes. Un officiel demande à mon binôme de bien vouloir retrouver la chaussée. C’est normal mais j’aurais tellement aimé pouvoir lever les bras avec lui. Merci B’ !
L’avenue Foch est magnifique, la foule est immense. Je savoure ces derniers instants de mon 10ème marathon avec délectation et franchis la ligne d’arrivée. 3h51.
Place au général : 10699 / 40157
Place catégorie V1H : 4602 / 10886
Allure moyenne : 5’29/km
Vitesse moyenne : 10,9 km/h
Negative split : -3’27
Evidemment, sur un plan chronométrique, ce n’est pas brillant. Je suis à 40’ de mon record et j’ai pris cher sur les 4 derniers km. Mais ce marathon restera comme l’un de meilleurs souvenirs. D’abord, j’ai pu couvrir la distance et ça, c’est une grande victoire pour moi. Mais surtout ce fut une course collective comme je les aime de temps à autre. Et aujourd’hui, je ne pouvais pas espérer pareille fête. Vive la CàP !
A ma mère, qui m’a appris ce qu’est le courage.
Tu es un brave ! Bravo d’avoir couru ce marathon et belle ténacité pour te remettre en forme. La guérison étant sur la bonne voie, l’an prochain sera fort mieux.
J’aimeJ’aime
Je ferai tout pour en tout cas. Merci Luc !
J’aimeJ’aime
Pingback: Bilan sportif 2015 et objectifs 2016 | maCAPdam